Episode 6 : 2 sur 10

Après sa visite avec Philippe, Alex retourne au bureau clôturer les dernières tâches urgentes.
De retour au bureau, Alex croise Clara.
Fidèle à elle-même, Clara s’approche de lui, tasse de thé à la main.
— Alex, on a mis en place un nouveau système visuel au bureau de production. Tu devrais venir voir. Ça aide à mieux coordonner et à prioriser les tâches.
— Volontiers, dit Alex, mais… pas tout de suite. J’ai vraiment trop pour le moment. Je passerais plus tard. J’ai promis de rentrer tôt et j’ai encore une tonnes de choses à terminer.
Il se dirige vers son bureau et plonge tête la première dans ses e-mails en retard. Pris dans le flot, il perd la notion du temps.
il ne rentrera pas tôt. Pas ce soir non plus.
À force de lutter contre l’épuisement, le corps d’Alex décide pour lui. Il finit par s’endormir, la tête posée sur son bras. Il rêve. Philippe, le relais, l’équipe... tout se mélange.
Réveil en sursaut
Pas chez lui. À son bureau.
Heureusement, il est encore tôt. Il se frotte les yeux, attrape son "pack dodo au boulot" – une trousse de secours qu’il avait inventée un soir de bouclage juridique urgent : chemise propre, lingettes, déo, dentifrice… le strict nécessaire pour avoir l’air humain après une nuit improvisée. Il n’en est pas à sa première, mais cette fois, il ne l’avait pas planifiée. Et ça, c’est nouveau.
Il s’apprête à se ressaisir quand la porte s’ouvre.
Clara, toujours tasse de thé à la main, entre dans le bureau. Énergique. Presque trop pour cette heure matinale.
La première réflexion de Max était de se demander si c’était la même tisane que la veille et si Clara avait déposé sa tasse pour dormir. Il sourit brièvement et se dit qu’il n’avait probablement pas assez dormi.
— Alex, il faut que tu passes au bureau de production, voir ce qu’on a mis en place.
— Bonjour Clara. Tu ne peux pas juste me l’expliquer ?
— Non, justement. Tu dois le voir.
— Ecoute, je n’ai pas beaucoup le temps pour le moment (et l’énergie avait-il envie de lui dire), je passerais probablement plus tard, mon rendez-vous ne va pas tarder.
A ces mots, Max frappa à la porte.
— Suis je en avance demanda Max ?
— Non, je ne faisais que passer rétorqua Clara. Il faut que tu passes Alex, c’est vraiment génial, on se voit plus tard lança-t-elle en fermant la porte.
Alex expliqua à Max sa discussion avec Chloé qui l’invitait à revoir ses hypothèses et la discussion avec Philippe qui lui proposait de s’inspirer du relais.
Et que penses-tu de tout cela, lui demanda Max ?
Je sens qu’il y a quelque chose à faire mais je ne sais pas encore quoi, tout cela est trop confus. J’ai les pensées qui vont dans tous les sens. J’ai l’impression que ça m’embrume encore plus.
— Quelle est ton objectif ?, lui demanda Max.
— Que veux tu dire ? Rétorqua Alex
— Quelle est ton objectif ?, lui re-demanda Max avec un petit sourire.
Alex, pris un temps de réflexion et dit : J’ai trop de truc à faire et pas assez de temps pour le faire.
— Et tu voudrais plus de temps ou moins de trucs à faire ?
— Les deux répondit Alex, puis réfléchit, non, des trucs à faire, il y en a tout le temps. Je pense que je voudrais plus de temps.
— Tu penses donc que tu n’as pas assez de temps pour faire ce que tu dois faire ?
— Je ne le pense pas, c’est le cas.
— Et tu dis ça parce que … ?
— Parce que je suis débordé.
— Peux tu m’expliquer ce que signifie débordé pour toi et que tu ne veux plus ?
— Je dors 4h par nuit, je ne vois pas mes enfants, je rentre du bureau tard, je prend à peine le temps de manger, parfois je mange même en répondant à mes mails, ma femme est partagée entre me prendre en pitié et me détester d’autant travailler. Je pense qu’elle ne comprend pas la situation que je vis.
— Hum, dit Max.
— Quoi hum ?
— Comment te sens-tu ?
— Honnêtement, je me sens comme une merde, je ne suis pas au niveau à la maison parce que je suis crevé, je m’énerve pour un rien sur les enfants, au bureau j’ai l’impression de constamment courir après le train, dès que j’ai l’impression que ça avance un peu que je me reprends une tonne de choses à faire.
— Et en terme d’énergie sur 10, tu mettrais combien ?
— Pas loin de 2.
— Tu ne trouves pas étrange que, selon toi, la meilleure personne pour faire les nombreuses taches qui t’incombent, soit quelqu’un qui soit complètement crevé, sans énergie?
Il me semble que cette personne va probablement faire des erreurs, qu’elle devrait corriger, risque de prendre de mauvaises décisions, qui auront de impacts que cette personne devra corriger car elle se sent responsable, et certainement avoir un impact négatif sur l’ambiance de travail par son caractère irascible et en mettant tout le monde en retard.
Alex, En tant que manager comment peux tu traiter cette personne de cette manière ?
Silence.
Puis Alex fondit en larmes.
Pas des larmes de colère, ni de fatigue. Des larmes de lucidité.
Quelques minutes plus tard, après avoir séché ses joues et pris une profonde respiration, Alex releva la tête. Il respirait un peu mieux, plus lentement, plus profondément. Quelque chose venait de se débloquer.
— Merci, c’est bizarre de dire ça mais ça m’a fait du bien. Je me rends compte que …
Silence
C’est un peu bête de dire ça comme ça parce que je n’en avais pas conscience.
Mais je crois, que je ne me respecte pas.
Max lui sourit.
— Bravo Alex, tu viens de faire un grand pas. Ce que tu viens de comprendre,
Tu vas pouvoir le transmettre. Parce que d’autres dans ton équipe vivent peut-être exactement la même chose.
Max se lève.
— On s’arrête là pour aujourd’hui. On reprend la semaine prochaine. D’accord ?
⏱️ La minute auto-coaching :
Est-ce que je dors suffisamment pour tenir dans la durée ?
(Et pas juste pour survivre à demain.)
Est-ce que je prends au moins un vrai repas par jour, sans écran ?
(Un café froid devant mes mails, ça ne compte pas.)
Est-ce que j’ai vu mes proches cette semaine autrement que fatigué ou pressé ?
(Un bisou entre deux réunions, c’est bien. Un vrai moment partagé, c’est mieux.)
Est-ce que je parle à moi-même comme je parlerais à un collaborateur que je respecte ?
(Sinon… pourquoi l’accepter de moi ?)
Est-ce que je me sens encore utile… ou juste indispensable ?
(Spoiler : si tu te sens indispensable, tu es peut-être en train de tout faire… et de t’effondrer.)